top of page

 · PACTE · LONDRES · ANGLETERRE ·

00:00 / 03:41

 · Limier de sa Majesté ·

Dans une réalité où lycanthropes, vampires, et autres créatures renvoient les mortels au rang de proie, il ne reste à ces derniers que la sorcellerie comme ultime recours. Elle permet de flirter avec ce monde sans lui appartenir. Mais la damnation qu’elle exige ne fait-elle pas de ses utilisateurs quelque chose d’un peu moins humain ?

A chaque mort mystérieuse, brutale, cette silhouette sortie du néant enfonce ses mains dans la décomposition des chaires malodorantes. Toutes les affaires sur lesquelles il jette son ombre semblent se résoudre d'elles-mêmes dans des conclusions évidentes, et ne rejoignent jamais les archives.

Ce sont là ses attributions, observer, comprendre, réduire au silence les résistances et altérer la réalité. Réécrire les faits, pour que la société ne soit jamais ébranlée par la révélation terrible de sa vulnérabilité. Les frontières sont maintenues, et le monde reste stable. Mais les corps disparus, les dossiers classés et les preuves falsifiées profitent-il vraiment à sa Majesté, comme il a pourtant plaisir à le dire avec une autorité narquoise ?

Les pions sont placés, la toile est tissée, mais sur quelles âmes les dents de ses pièges vont-ils s'enfoncer ?

« Parfois, j’ai l’impression qu’il a capturé la nuit, et s’il n’y avait pas deux prunelles d’azur pour briller au fond de l’ombre, j’aurais cru à un cauchemar. Il jette le trouble, avec un malin plaisir, ses yeux trop froids emplis d’un cynisme détaché. Pour lui, le monde est un jouet immense, réglé sur des mécanismes évidents, aux mouvements prévisibles. Il n’est pas de ceux qui croient au hasard, il s’en tient aux évidences et aux faits. Même l’étrange, l’incompréhensible, le surprenant et le magique ont des causes rationnelles... Ou du moins, qu’il fera passer pour rationnelles. Il appréhende tout par la réflexion, et l’intellect, quand moi je tâtonne dans le noir.
On le regarde avec peine... Lorsqu’il se fraie un chemin dans la foule, les têtes se tournent sur son passage. J’ai souvent la sensation que Ciel est le plus grand misanthrope que l’histoire ait connu : je crois parfois qu’il hait les hommes, ou du moins, qu’il les méprise. Lorsque son regard daigne descendre sur un de ces pauvres mortels, ce dernier n’a d’autre choix que de faire profil bas. Il ne fait rien pour s’attirer la sympathie de personne, et son air trop confiant est des plus irritants : j’ai d’abord cru que jamais je ne serais capable de le supporter. Même sa voix, sa façon si arrogante de m’adresser la parole, alors qu’il croyait encore que j’étais un fou... J’ai haï son ton moqueur, et ce besoin de rabaisser ma fierté, qui ne demandait pourtant qu’à être flattée. Ce masque froid, qu’il pose sur ses traits dès qu’il en ressent le besoin... Il sait en jouer. Il sait troubler. Et s’il est un rationnel, un réfléchi, il est également un illusionniste de talent. Peut-être même qu’il ment... Je n’en sais rien. Il trouble ma vue de son ombre. Maître du flou... 
Il pourrait avoir l’air d’un marginal, tout habillé de noir. En réalité, je suis persuadé que c’est un solitaire. Est-il intelligent ? Oui. Mais c’est son intelligence qui le perdra. Elle l’isole. Ciel vit dans une tour d’ivoire. C'est ce que je crois. »
 

Dorian
(King-of-Pain)

bottom of page